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Crosswords : le style anglais 
 

Nous avons déjà donné un aperçu de ce que sont les mots croisés étatsuniens. Nous voulons maintenant aborder le style particulier des grilles anglaises dont le modèle est celui suivi par The Times de Londres.

Même avec une bonne maîtrise de la langue anglaise, on ne peut pas se lancer dans la résolution de ces grilles sans une information et peut-être même une formation préalable. Tout diffère en effet de nos habitudes, de la structure des grilles jusqu’à la normalisation des définitions.


Les grilles 

Chez nous le placement de cases noires se fait au fur et à mesure de la construction de la grille. On peut dire que la case noire est comme la 27e lettre du verbicruciste. Sauf recherche spéciale, comme mes grilles 9 sur 9 avec huit cases noires disposées en croix et dix mots traversants, nos dessins de cases noires doivent presque tout au hasard.

Les grilles normales de The Times sont de dimensions 15 sur 15. Elles sont de 27 sur 27 pour les grilles jumbo publiées 4 puis 6 fois par an. Les cases noires ont des dessins imposés parmi quelques dizaines de dispositions régulières. Ces dispositions ont pour but de bannir les mots trop courts. Les mots ont au moins quatre lettres (et peuvent aller jusqu’à vingt-sept dans des grilles ‘jumbo’). La grille normale comporte une trentaine de mots. Les croisements de mots sont réalisés et répartis sur la moitié des lettres. Un mot de 8 lettres aura quatre croisements, un mot de 5 lettres en aura 3. Si deux lettres consécutives n’ont pas de croisement alors les deux qui les jouxtent en ont.
 

Ceci est une disposition correcte : 7 lettres, 4 croisements.



Ceci est une disposition incorrecte : 7 lettres, 3 croisements.


La proportion des cases noires est de l’ordre de 30%.



Les mots 

Comme chez nous le choix des mots est difficile à définir. Les auteurs partent de la même idée que chez nous qui veut que les grilles puissent être résolues par des personnes ayant d’honnêtes connaissances (ce qui n’est pas très mesurable) sans recours exagéré à un dictionnaire.

Pour les grilles quotidiennes la référence des problèmes de The Times est le Concise Oxford Dictionary et le Collins English Dictionary pour les noms propres. Ces deux ouvrages sont les références pour tout le vocabulaire courant. Pour des grilles plus difficiles on peut y ajouter le Chambers Dictionary qui aborde un vocabulaire plus rare et qui contient également des définitions humoristiques qui pourraient correspondre chez nous à définir ÈRE par Un long temps, bien que court.

L’utilisation de mots composés ou d’expressions de quelques mots est autorisée ; elle est même courante. C’est particulièrement vrai dans les grilles Jumbo où l’on peut trouver des ‘mots’ jusqu’à 27 lettres. Cela donne alors des solutions comme « I’LL TAKE YOU HOME AGAIN KATHLEEN » croisant avec « I DO LIKE TO BE BESIDE THE SEASIDE » ! Par courtoisie pour le chercheur, dans toutes les grilles la longueur de chacun des éléments de la solution est indiquée entre parenthèses en fin de définition. Derrière les deux définitions des ‘mots’ précédents il est indiqué respectivement (3,4,3,4,5,8) et (1,2,4,2,2,6,3,7)



Les définitions 

Dès la première grille officielle de The Times, le 2 février 1930, on trouve déjà beaucoup des éléments de la normalisation qui va rapidement voir le jour. Ce qui manque encore sur certaines clés de recherche c’est qu’elles ne comportent pas toujours une définition du terme à trouver en plus d’une indication codée.

Le fondement des définitions anglaises actuelles consiste en cinq préceptes fondamentaux : 1. Chaque définition doit être une lutte d’intelligence, pas une épreuve de connaissance pure.
2. Chaque définition doit comporter une référence au mot complet de la solution.
3. Chaque définition doit comporter une clé cryptée qui soit une indication énigmatique mais correcte pour trouver la solution recherchée. (la clé peut être une anagramme, une inversion de mot, un mot caché, un homonyme, une combinaison de mots, etc.)
4. Chaque définition doit être tournée de sorte qu’elle ait un sens en soi (un sens trompeur si possible).
5. Chaque définition doit être grammaticalement correcte.

Prenons un exemple pour illustrer ces cinq préceptes. La définition d’un mot de 7 lettres est :
This form of rash aye is not a proof. (7)
Rash = spontané, irréfléchi ; aye = oui, accord, vote de confiance et proof = preuve
La définition peut se traduire par Cette forme d’accord spontané n’est pas une preuve.
Elle répond bien aux préceptes 4 et 5.
La référence au mot solution est is not a proof qui répond au précepte 2.
Le truc est indiqué par This form of qui indique une anagramme et répond au précepte 3.
La réponse sera donc une anagramme de rash aye (qui a bien 7 lettres) qui dise le contraire de proof=preuve.
La réponse est hearsay qui signifie ouï-dire.

Dans le chapitre suivant nous détaillons les procédés classiques employés par les auteurs britanniques dans la définition des mots.



Chapitre II




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